Étude de casDéfi des femmes en tech propres

Une femme scientifique travaillant dans un laboratoire

1. Introduction

1.1 À propos de Ressources naturelles Canada (RNCan)

Ressources naturelles Canada (RNCan) est un ministère à vocation scientifique qui vise à stimuler la prospérité des secteurs des ressources naturelles du Canada. Le Ministère soutient le développement durable des ressources naturelles du Canada au moyen de recherches de calibre mondial ainsi que de politiques et de programmes éclairés par des données probantes, notamment par la mobilisation nationale et internationale et en collaboration avec les peuples autochtones du Canada.

1.2 À propos du Bureau de recherche et de développement énergétiques (BRDE)

Le BRDE dirige les efforts du gouvernement du Canada à réaliser des investissements dans la recherche, le développement et la démonstration (R-D et D) en matière d’énergie, accélérant ainsi les efforts d’innovation énergétique et de programmes de la technologie propre. En tirant parti de plus de quarante ans d’expérience et d’une expertise unique centrée sur la science et la technologie, le BRDE investit dans treize ministères et organismes fédéraux pour entreprendre des activités de R-D et D, ainsi que dans un vaste éventail de petites et moyennes entreprises canadiennes, de services publics canadiens, d’industrie et d’autres entreprises canadiennes, en vue d’appuyer les objectifs en matière d’innovation énergétique et de changement climatique du Canada.

Le BRDE a dirigé le volet des technologies propres des Défis d’Impact Canada, ce qui comprend un portefeuille de six défis uniques doté d’un budget de 75 millions de dollars. Dans le cadre du volet des technologies propres, RNCan a mis à l’essai différentes conceptions de défis tout en cherchant à maximiser l’incidence globale du programme sur le secteur des ressources naturelles. Étant l’un des premiers ministères à lancer des Défis d’Impact Canada, l’équipe de programme de RNCan a élaboré une perspective unique sur la façon d’appliquer des mécanismes de financement novateurs dans divers contextes, en vue d’avoir la plus grande incidence possible. En fin de compte, RNCan espère utiliser les leçons apprises et les pratiques exemplaires de cette expérience et les appliquer à des programmes futurs, tout en cherchant également à soutenir l’apprentissage à travers le système fédéral en communiquant les résultats du modèle d’Impact Canada à d’autres ministères qui envisagent de créer des portefeuilles de défis.

1.3 À propos d’Impact Canada

Impact Canada, qui relève du Bureau du Conseil privé, utilise de nouvelles méthodes de politique publique pour combler les lacunes identifiées dans la traduction efficace d’objectifs politiques en résultats significatifs et mesurables pour les Canadiens. L’Unité de l’impact et de l’innovation, qui gère Impact Canada, travaille à combler l’écart entre l’élaboration et la mise en œuvre des politiques, en prenant des engagements stratégiques importants et en se penchant sur la conception, la mise en œuvre et l’évaluation. Elle s’acquitte de son mandat par le déploiement de deux grands secteurs d’activité : les Défis d’Impact Canada ainsi que les sciences appliquées du comportement et la recherche poussée en politiques d’Impact Canada.

Les Défis d’Impact Canada sont axés sur un déploiement plus efficace des fonds en subventions et contributions – un levier gouvernemental qui n’est traditionnellement pas exploité au mieux, mais qui est très influent – c’est-à-dire qu’au lieu de payer pour les dépenses ou les activités, on récompense l’atteinte de résultats plutôt que les extrants. Les Défis d’Impact Canada sont assortis d’incitatifs financiers et non financiers qui encouragent les participants à s’attaquer à des problèmes bien définis sans solution évidente ou pour lesquels les interventions en cours ne donnent pas les résultats escomptés.

1.4 Pourquoi lancer le Défi des femmes en tech propres?

En 2017, lors de l’élaboration de ce Défi, seulement 5 % des sociétés spécialisées en technologies au Canada étaient fondées par des femmes. Le manque de représentation féminine dans les industries orientées vers les sciences et technologies a été clairement démontré dans le rapport produit par l’organisation #movethedial11 au sujet des femmes dans la communauté canadienne de l’innovation. Le rapport indiquait que seulement 13 % des entreprises comptaient des femmes au niveau de la direction, et que 73 % des conseils d’administration des entreprises ne comptaient aucune représentation féminine. Ces statistiques étaient encore plus marquées dans le secteur des technologies propres.

De la même façon, dans un sondage de 2018 auprès de 350 entreprises en démarrage, le Boston Consulting Group a signalé que les femmes entrepreneurs recueillaient en moyenne un peu moins de 1 million de dollars en capital de démarrage, soit moins de la moitié des fonds amassés par les hommes. Les auteurs ont constaté que « la disparité dans le financement n’est pas due à des différences qualitatives dans les présentations ou les activités inhérentes ». En réalité, les entreprises en démarrage dirigées par des femmes ont obtenu un bien meilleur rendement, rapportant 78 cents par dollar d’investissement durant leurs premières années d’activité comparativement à seulement 31 cents pour celles dirigées par des hommes.22

Le gouvernement du Canada reconnaît que l’écart de genre, en particulier dans les domaines de l’innovation, entrave la croissance économique en laissant de côté des travailleurs qualifiés. Afin de résoudre les problèmes complexes auxquels nous sommes confrontés en tant que pays, nous devons compter sur la diversité, l’ingéniosité et la créativité de l’ensemble de la population canadienne, et non seulement de ceux qui ont traditionnellement contribué aux solutions. On doit donc favoriser la participation active de « solutionneurs non traditionnels, y compris ceux qui ont été exclus et ceux qui ne savaient pas qu’ils étaient invités à contribuer aux solutions. De plus, il faut accroître la sensibilisation sociale générale envers les défis à relever, favoriser activement la participation des citoyens au moyen d’une collaboration et d’une cocréation plus efficaces, et établir des partenariats avec la société civile afin de renforcer les résultats. Enfin, cela signifie que l’innovation permet non seulement de stimuler la croissance économique, mais en même temps de contribuer à lutter de façon significative contre d’importants enjeux de la société comme les changements climatiques et l’inclusion sociales. Étant donné qu’il est de plus en plus reconnu que la diversité est essentielle pour renforcer la résilience économique, RNCan a lancé le Défi des femmes en tech propres en 2018 avec la société MaRS Discovery District de Toronto.


Images composites des finalistes du défi et des membres du jury

2. Aperçu du concours

2.1 L’innovation au féminin : moteur de l’économie verte

Le Défi des femmes en tech propres a été conçu afin d’avoir une incidence significative sur la sous-représentation féminine dans le secteur canadien des technologies propres en fournissant à un groupe d’entrepreneures les ressources financières, commerciales et techniques dont elles ont besoin pour se montrer concurrentielles à l’échelle mondiale. Cette initiative avait pour objectif d’égaliser les chances pour les femmes innovatrices et de mieux faire connaître le rôle clé que les femmes doivent jouer pour s’attaquer aux plus grands défis environnementaux et climatiques auxquels la société fait face, tout en inspirant la prochaine génération d’entrepreneures en technologie propre.

À la suite d’un appel de candidatures au Défi à l’échelle nationale auquel ont répondu presque 150 innovatrices parmi les meilleures au Canada, un processus de sélection par des experts en a choisi six pour participer à un programme intensif de trois ans aboutissant à l’attribution d’un grand prix de 1 million de dollars à la finaliste jugée d’avoir fait le plus de progrès dans l’avancement de sa technologie et la croissance de son entreprise.

2.2 Objectifs du Défi

Le Défi comprenait les quatre objectifs suivants :

  • Repérer les innovatrices les plus prometteuses et motivées qui s’attaquent à certains de nos plus grands problèmes mondiaux et qui sont susceptibles d’avoir une incidence importante.
  • Mettre à contribution les actifs de recherche et les réseaux d’expertise actuels du gouvernement fédéral, optimisant ainsi l’utilisation des ressources publiques pour accélérer l’avancement de la R et D des entrepreneures.
  • Bâtir un appui à la réussite de ces femmes au moyen d’une combinaison de mentorat, de programmes de formation et d’accès à l’information commerciale par l’entremise de la société MaRS Discovery District.
  • Établir des liens opportuns et fournir un accès à des investisseurs et des partenaires d’affaires dès le début du démarrage et du développement des activités d’entreprise.

2.3 Critères de participation

Les candidates devaient satisfaire aux critères suivants :

  • Être une femme, citoyenne canadienne ou résidente permanente du Canada, cheffe de file de l’innovation et cheffe de projet, ayant une entreprise commerciale qui était une société ou pouvait être constituée en société au Canada.
  • Être prête à participer à un concours exigeant avec présence publique, d’une durée de trois ans, comportant fréquemment des voyages, des réunions et des visites de laboratoires, y compris à consacrer un temps considérable aux programmes, aux ateliers et aux événements de soutien aux entreprises et à l’entrepreneuriat organisés par la société MaRS Discovery District, à Toronto, en Ontario.
  • Travailler dans un domaine de technologie propre précis, sur une technologie brevetée et/ou brevetable, qui se classe dans les niveaux de 2 à 5 du spectre des neufs niveaux de maturité technologique (NMT).

2.4 Principales étapes du Défi et critères d’évaluation

De gauche à droite : Jennifer Ramsey, Janie C. Béïque et Margaret Atwood.

Dans le cadre des Défis d’Impact Canada, les défis peuvent comprendre des points de contrôle ou des filtrages périodiques, tel que pour le Défi des femmes en tech propres. Il est ainsi possible de sélectionner et filtrer les meilleures idées et de fournir une aide plus intensive (aussi bien financière que non financière) à un groupe toujours plus délimité de concourantes. Cette structure vise à favoriser une meilleure qualité des solutions trouvées. Les points de contrôle périodiques sont particulièrement utiles dans le cadre des Défis qui visent à soutenir les innovateurs dès les premières étapes de l’élaboration d’un produit ou les entreprises en démarrage qui ont besoin d’un capital d’amorçage pour commencer les travaux33.

  • Présélection et sélection

    • 148 demandes de candidature ont été reçues de partout au Canada.
    • Un comité d’évaluation a réduit le nombre de candidates à une « liste restreinte » de 33 personnes.
    • Les membres du comité ont mené des entrevues pour évaluer l’incidence de la technologie, la compatibilité dans le cadre des laboratoires du gouvernement et la capacité de l’entrepreneure à répondre aux exigences du programme.
    • À la fin de cette étape, dix demi-finalistes ont été sélectionnées pour faire une présentation lors d’un événement en direct qui s’est tenu au MaRS Discovery District, à Toronto.
  • Concours de présentation

    • Dix femmes représentant des ethnies, des âges et des domaines technologiques diversifiés ont présenté leurs idées devant un jury ainsi que devant 500 participants provenant de l’écosystème des technologies propres dont des partenaires, des investisseurs, des établissements d’enseignement, des partenaires d’affaires et les médias.
    • Pour sélectionner les finalistes qui continueraient avec le programme, le jury a utilisé une méthode d’évaluation prédéterminée axée sur la nature perturbatrice ou visionnaire de l’innovation, la probabilité de succès commercial de l’innovation, sa capacité de déploiement à l’échelle mondiale et sa capacité à réduire les répercussions sur l’environnement ou le climat.
    • En fin de compte, six finalistes ont été choisies pour participer au programme intensif d’accélération d’une durée de trois ans et se disputer le grand prix de 1 million de dollars.
  • Période d’incubation : Développement de produits et de l’entreprise

    Au cours de la période d’incubation de trois ans, chaque finaliste à reçu :

    • Une allocation annuelle de 115 000 $ leur permettant de travailler à temps plein dans le cadre de leurs entreprises.
    • Des conseils d’experts et du soutien au développement d’entreprise d’une valeur de plus de 300 000 $ offerts par la société MaRS.
    • Un soutien des laboratoires fédéraux jusqu’à concurrence de 250 000 $ pour réduire les risques liés à leur technologie.

    Au cours de cette période, les finalistes :

    • Ont participé à des ateliers intensifs d’entrepreneuriat pour améliorer leur sens des affaires.
    • Ont chacune été jumelée à un mentor personnel, ainsi qu’à des conseillers en activités commerciales et techniques pour faire progresser le développement de leur entreprise.
    • Ont participé régulièrement à des événements pour mettre en vedette leurs entrerprises où étaient présents des investisseurs, des partenaires d’affaires et des partenaires potentiels.
    • Ont mis à profit l’expertise scientifique disponible auprès des laboratoires du gouvernement fédéral afin de faire progresser considérablement leurs technologies dans le cadre de projets collaboratifs de R et D.
  • Sélection et annonce de la gagnante!

    • Le grand prix de 1 million de dollars a été décerné à la finaliste qui a réalisé le plus grand progrès dans le développement de son entreprise et de sa technologie avec un potential considérable de mise à l’échelle et d’incidence.
    • La sélection a été effectuée au moyen d’une combinaison de critères – dont une méthode d’évaluation prédéterminée fondée sur des mesures de rendement suivies et accumulée au cours de la période d’incubation de trois ans – et de l’évaluation par un jury indépendant.
    • La gagnante a été annoncée lors de la finale du Défi organisée par MaRS le 30 novembre 2021 à l’occasion de la conférence MaRS Climate Impact.

3. Caractéristiques de la conception et résultats

3.1 Caractéristiques principales de la conception

En mettant surtout l’accent sur les résultats tout au long des étapes de conception et de mise en œuvre du Défi, on s’est assuré que les décisions étaient prises en vue de maximiser les retombées pour les entrepreneures. Les principaux objectifs du Défi des femmes en tech propres étaient d’offrir des chances égales à six innovatrices ayant un solide potentiel, et à inspirer une nouvelle génération de femmes dans les domaines liés à l’entrepreneuriat en technologies propres. Toutes les décisions liées à la conception ont été prises en fonction de ces objectifs, et elles reposaient sur trois piliers : l’entreprise, la technologie et les finances. Ces piliers ont constitué la base des mécanismes de soutien qui ensemble ont contribué à l’incubation des six entreprises choisies pour participer au Défi.

  • Partenariats stratégiques

    En sachant que la collaboration serait essentielle pour atteindre les résultats d’un Défi dont les objectifs étaient si vastes, RNCan a décidé de travailler en collaboration avec MaRS pour tirer parti de ses forces en matière de développement d’entreprises de technologies propres et appuyer l’expertise scientifique, technologique de RNCan ainsi que son expertise en matière de programmes. RNCan a opté pour l’adoption d’un modèle d’agent de mise en œuvre tiers pour faciliter cette collaboration et assurer un accès continu aux ressources de MaRS pendant la durée du Défi. Grâce à la collaboration avec MaRS, les finalistes ont pu obtenir un soutien exceptionnel de formation et de conseils, tout en tirant parti efficacement d’un écosystème de l’innovation et d’un réseau d’investisseurs élargis. Il a été également possible dès le début de favoriser la collaboration entre MaRS et d’autres intervenants clés, comme Écotech Québec, afin de soutenir davantage les activités du Défi. MaRS a mis à profit ses liens solides dans l’écosystème des technologies propres afin d’offrir une formation personnalisée, l’accès à un vaste réseau de conseillers et d’investisseurs et de nombreuses possibilités soigneusement sélectionnées. De plus, les finalistes ont occupé une place importante à l’occasion d’événements d’envergure mondiale relatifs à l’innovation et aux investissements, comme la réunion ministérielle sur l’énergie propre de 2019, Mission Innovation, la Semaine de l’exportation des technologies propres d’EDC, et la semaine MaRS Climate Impact 2021. Les réseaux solides de MaRS ont permis une promotion publique accrue du Défi, y compris le recrutement d’un jury éminent composé de femmes de premier plan : Janie C. Béïque, Elicia Maine, Humera Malik, Jennifer Ramsey et l’auteure canadienne de renommée internationale, Margaret Atwood.

  • Collaboration technique

    Pour compléter le programme de développement d’entreprise élaboré par MaRS, le Défi offrait l’accès aux laboratoires et à l’expertise du gouvernement fédéral, afin de favoriser le développement technologique et d’accélérer la mise au point pour le marché. Par l’entremise de RNCan, les finalistes ont pu travailler avec des laboratoires de recherche fédéraux de calibre mondial afin de mettre à l’essai leurs technologies, les améliorer et en réduire les risques, dans le cadre de projets collaboratifs de R et D. Ces projets étaient menés au moyen du modèle de RNCan dénommé « Projets d’aide scientifique et technologique pour les technologies propres » (PAST). Le modèle PAST appuie les organisations qui ont des carences en matière de capacité, comme les organisations dont les infrastructures de recherche ou l’expertise technique sont limitées ou qui ont des contraintes liées au flux de trésorerie limitant leur capacité de faire progresser leurs technologies ou leurs services sur le marché. Ce modèle unique peut apporter une aide particulièrement importante aux petites et moyennes entreprises, étant donné qu’il n’y a aucun coût direct à débourser pour ce projet collaboratif de R et D. C’est ainsi que les finalistes ont pu travailler avec des laboratoires du gouvernement fédéral avec des scientifiques qui sont reconnus pour leur expertise vaste et spécialisée dans les sciences appliquées et sont exceptionnellement bien placés pour traverser les étapes complexes des essais pilotes et de la mise à l’échelle des technologies.

  • Allocation annuelle

    Permettre aux entrepreneures de consacrer tout leur temps et toute leur attention à la croissance de leur entreprise était une priorité du Défi; pour cette raison, l’allocation annuelle de subsistance constituait un autre caractéristique importante de la conception du Défi et un des mécanismes d’aide financière offerts aux finalistes. Cet élément a permis aux membres du groupe de déployer leurs meilleurs efforts dans le développement de leurs entreprises, mais aussi de s’assurer que toutes les finalistes étaient sur un pied d’égalité. Ainsi, les finalistes ont pu se consacrer à plein temps sur les objectifs de leurs entreprises et y concentrer leur attention en réduisant au minimum les priorités concurrentes, ce qui diffère grandement de la réalité à laquelle sont confrontées la plupart des entrepreneures lorsqu’elles cherchent à croître leurs entreprises. En fin de compte, l’allocation annuelle a été hautement appréciée par les entrepreneures qui l’ont considérée comme un des principaux avantages du Défi.

3.2 Aperçu des résultats

  • Renforcement de la sensibilisation du public envers un problème ou un enjeu

    Bien qu’un Défi soit susceptible d’attirer l’attention de solutionneurs non traditionnels sur un problème, on ne peut y parvenir sans des campagnes publicitaires et de marketing qui mobilisent des réseaux en dehors de ceux visés par les programmes gouvernementaux traditionnels. Le Défi a été publicisé par l’entremise de plusieurs canaux, y compris le publipostage électronique envoyé via les listes de diffusion de MaRS Cleantech, des publicités ciblées sur les médias sociaux, des articles de blogues, un reportage dans le Globe and Mail, un enregistrement vidéo publié sur des plateformes de réseaux sociaux et des publications non payantes sur les médias sociaux. De plus, le partenariat entre RNCan et MaRS a permis au Défi de bénéficier d’une promotion croisée de messages et de communications dans les médias sociaux, ce qui a amplifié les messages et retenu une attention accrue du public. Ces efforts ont donné lieu à une large participation, autant au lancement du Défi que lors de la finale. Le nombre de candidates a dépassé les attentes de 87 %, et le nombre de vues et de partages sur les plateformes Web spécialisées et les médias sociaux a été supérieur à la moyenne comparativement aux initiatives traditionnelles du gouvernement. Enfin, un autre facteur qui ne peut pas être négligé est que le Défi des femmes en tech propres visait à accroître la représentation dans l’écosystème de l’innovation à un moment où l’équité, la diversité et l’inclusion sont de plus en plus sous le regard du public. Voilà une autre raison pour laquelle le Défi a rapidement obtenu le soutien de la population et a attiré son attention, et a permis d’atteindre des niveaux d’engagement élevés tout au long de sa durée.

  • Mobilisation de nouveaux talents

    Le Défi visait à mobiliser de nouveaux talents afin de s’attaquer au problème de la sous-représentation féminine dans l’industrie des technologies propres. En adoptant une approche ouverte avec de faibles obstacles à l’entrée, on a encouragé une grande participation et attiré des participants non traditionnels qui comptaient peut-être peu d’expérience dans la participation à des programmes traditionnels de subventions et de contributions gouvernementales. Ainsi, le Défi a pu attirer des candidates talentueuses et retenir des semi-finalistes d’ethnies, d’âge et de domaines technologiques diversifiés.

  • Amélioration des compétences et des capacités

    Le Défi a permis de surmonter efficacement des obstacles majeurs à la réussite des femmes de manière coordonnée et par des mesures complémentaires en combinant des éléments de formation et de soutien dans un programme complet. Le regroupement de ces éléments a permis de réduire considérablement le fardeau imposé aux participantes, qui, autrement, auraient dû les combiner par elles-mêmes. Par exemple, les finalistes ont reçu une formation sur la négociation par l’entremise de MaRS, et, par la suite, elles ont pu appliquer ces compétences et acquérir de l’expérience en les utilisant lors de la négociation de contrats avec des collaborateurs ou des investisseurs. Les activités intégrées dans le programme ont permis d’apprendre, de mettre l’apprentissage en pratique et de s’améliorer grâce à des boucles de rétroaction itératives. En fin de compte, les finalistes qui étaient d’excellentes cheffes de file dans le domaine technique étaient maintenant en mesure de concentrer leurs efforts pour devenir également d’excellentes cheffes d’entreprise.

    En outre, la conception du programme a également rendu possible l’augmentation des capacités de MaRS. En tant qu’organisation, MaRS a accru son expérience dans le soutien des femmes entrepreneures et a créé de solides réseaux dans le cadre d’un défi ou d’un programme d’accélération. MaRS peut appliquer cette nouvelle expertise à des programmes futurs afin de procurer des retombées sociales à long terme pour le Canada, et c’est d’ailleurs ce qui est déjà en train de se passer!

  • Augmentation des retombées économiques

    Grâce à la formation en entrepreneuriat offerte par MaRS, la possibilité des finalistes à attirer des investissements du secteur privé a été considérablement accrue. Les finalistes ont été en mesure non seulement de rencontrer des investisseurs, entreprises et partenaires potentiels ciblés, mais elles ont également reçu une formation sur la manière de faire des présentations efficaces et ont eu la possibilité de recevoir une rétroaction sur leur prestation. Toutes ces occasions ont contribué à accélérer l’épanouissement du groupe, ce qui a permis aux finalistes de faire d’important progrès en matière de développement d’entreprise. À la fin du Défi, l’ensemble du groupe a recueilli un financement de 52,5 millions de dollars et le nombre d’employés rémunérés a passé d’un total de 10 à 82,5, ce qui représente une augmentation de 725 %.

  • Innovation dans le secteur public

    Le Défi s’est avéré être une approche de financement efficace et novatrice permettant de s’attaquer aux questions hautement prioritaires du gouvernement du Canada et de la société. Cette initiative tombait à point, en ce sens que son lancement a eu lieu pendant une période où l’inégalité de genre recevait une attention accrue de la part du gouvernement fédéral et où l’on était de plus en plus intéressés et à l’aise dans l’utilisation de mécanismes de financement novateurs. Le budget fédéral de 2018 a accordé une attention sans précédent à la promotion de l’égalité de genre au Canada, et a introduit le nouveau Cadre des résultats relatifs aux genres du gouvernement, qui mettait l’accent sur la réalisation d’objectifs clés en matière d’égalité de genre pour le Canada, y compris l’éducation et le perfectionnement des compétences, la participation à l’économie et la prospérité, qui sont particulièrement pertinents dans le cas de ce Défi. Cela a sans doute attiré un plus grand soutien et a augmenté l’attention à l’échelle du gouvernement et des écosystèmes d’innovation.

    En même temps, le gouvernement fédéral a développé l’utilisation de mécanismes de financement novateurs et a préconisé davantage d’essais. Cela comprenait l’ensemble de modalités horizontales d’Impact Canada pour les paiements de transfert, ce qui a accordé une plus grande souplesse à RNCan afin de mettre en œuvre des programmes novateurs au moyen des Défis. De plus, cela comprenait le mécanisme de collaboration PAST, qui, à cette époque, était un modèle unique en son genre utilisé pour la première fois par le BRDE. L’approbation du modèle PAST a été un accomplissement important, car, habituellement, la Politique sur les paiements de transfert était interprétée de manière à empêcher les projets collaboratifs de R et D entre les laboratoires fédéraux et les bénéficiaires de subventions et de contributions.

3.3 Résultats inattendus

Les finalistes du Women in Cleantech Challenge assises ensemble et souriantes.
  • Le meilleur réseau de collaboration : l’« effet de groupe »

    L’une des raisons principales qui expliquent la réussite des entrepreneures et de leurs entreprises réside peut-être dans l’« effet de groupe », un phénomène inattendu qui s’est produit pendant le Défi. L’esprit de collaboration du groupe était indéniable. Il se manifestait dans les relations qui reposaient sur un soutien réciproque solide, le partage des connaissances ainsi que le renforcement positif et l’attention qu’elles s’offraient mutuellement en ce qui a trait à leurs travaux. Cette approche d’équipe, dans le cadre d’un concours mettant en jeu un prix, n’était pas seulement remarquable, mais a aussi procuré des avantages considérables à l’ensemble du groupe. Parmi les caractéristiques inhérentes à la conception du Défi qui ont pu contribuer à favoriser cet effet de groupe, on compte les suivantes :

    • Les entreprises en étaient toutes à des étapes de développement semblables, car les entreprises admissibles devaient se classer à un NMT déterminé.
    • La portée du Défi était suffisamment large pour que chaque entreprise puisse développer une technologie distincte qui n’entrerait pas nécessairement en concurrence avec les autres dans les marchés visés.
    • Les finalistes se concurrençaient sur un pied d’égalité, en ce sens qu’elles recevaient une allocation de subsistance annuelle leur permettant de se consacrer à plein temps et de façon prioritaire à la croissance de leur entreprise et d’optimiser le recours aux mécanismes de soutien aux entreprises que MaRS a choisis pour elles.

    En fin de compte, l’« effet de groupe » a exercé un pouvoir énorme qui a transformé les expériences de chaque finaliste. Les finalistes ont même noté que cet effet de groupe a peut-être été plus utile que le grand prix en argent qui se jouait à la fin du Défi.

  • Investissement du secteur privé

    En s’appuyant sur le succès du modèle du programme Défi des femmes en tech propres, MaRS a lancé en 2021 l’Accélérateur des femmes en technologies propres de RBC (l’ « Accélérateur »). L’Accélérateur a pour but de continuer à augmenter la représentation féminine dans l’économie canadienne de l’innovation des technologies propres, en recrutant de nouvelles entrepreneures pour participer dans des groupes à venir. Le curriculum de l’Accélérateur a été conçu d’après la rétroaction des experts de MaRS et des finalistes du Défi des femmes en tech propres, et tire parti de la notoriété accrue du Défi des femmes en tech propres. La continuation du Défi des femmes en tech propres, financé par le secteur privé, témoigne de sa véritable réussite, et démontre une harmonisation réelle et possible entre les objectifs du secteur public et privé. Cette réussite souligne également le début des retombées du Défi et son incidence sur nos opinions en matière d’écosystème de l’innovation ainsi que sur le rôle que les femmes doivent y jouer.


4. Rencontrez les finalistes et la gagnante du grand prix

Amanda Hall, gagnante du grand prix

Summit Nanotech

Summit Nanotech a élaboré une méthode novatrice d’extraction du lithium-ion d’eau de saumure produite qui pourrait potentiellement révolutionner le secteur minier et celui du stockage d’énergie. L’approche permet de créer une source de lithium vert abordable et durable pour les batteries utilisées dans les véhicules électriques, les appareils portables et les gadgets mobiles, qui constituent tous des marchés de plusieurs milliards de dollars en expansion rapide. Summit Nanotech a reçu la désignation Solar Impulse Efficient Solution Label, a été nommée par le groupe Corporate Knights comme l’une des 50 sociétés vertes ayant la croissance la plus rapide au Canada, et a récemment remporté un montant de 50 M $ US dans le cadre d’un financement de la série A2.

Les femmes ont accès à davantage de soutien chaque jour dans l’écosystème des technologies propres. Des possibilités existent dans divers incubateurs et plateformes d’accélération, mais au-delà de cela, les autres femmes PDG d’entreprises de technologie propre se soutiennent les unes les autres. 

Amanda Hall, fondatrice et présidente-directrice générale de Summit Nanotech

Evelyn Allen

Evercloak

Evercloak utilise un processus écoénergétique et abordable pour concevoir des nanofilms et des nanorevêtements. Ces films permettent de réduire de manière significative l’énergie nécessaire pour la climatisation commerciale et résidentielle; ils sont souvent utilisés dans divers domaines de technologie propre, notamment la purification de l’eau, le stockage d’énergie, la prévention de la corrosion, la détection et les emballages intelligents. En 2021, Evercloak s’est engagée dans une collaboration de 4,5 millions de dollars avec Environmental Systems Corp.

Le Défi des femmes en tech propre a servi de tremplin à Evercloak; cela m’a inspirée à me lancer dans l’entrepreneuriat. Les services de mentorat personnalisés et l’accès aux laboratoires fédéraux pour la mise à l’échelle de la technologie d’Evercloak m’ont outillée pour accélérer notre croissance.

Evelyn Allen, cofondatrice et présidente-directrice générale d’Evercloak

Julie Angus

Open Ocean Robotics

Open Ocean Robotics conçoit et construit des bateaux autonomes propulsés par l’énergie solaire qui recueillent des données en temps réel sur les émissions, les déversements d’hydrocarbures et les autres risques pour l’océan. Le but de Julie est de créer un « océan numérique » afin de recueillir et d’échanger des données océanographiques. Julie a remporté le prix British Columbia Cleantech Industry Icon Award et, plus récemment, Open Ocean Robotics a reçu le prix Company of the Year Award de ventureLAB.

L’entrepreneuriat en technologie propre offre des possibilités incroyables pour améliorer la durabilité de la planète, créer une prospérité économique et faire progresser les innovations technologiques. Pour ce faire, nous avons besoin de plus de diversité et que plus de femmes choisissent la voie des STIM et jouent un rôle de leadership pour être des agentes de changement.

Julie Angus, présidente-directrice générale Open Ocean Robotics

Nivatha Balendra

Dispersa

Dispersa utilise un processus bactérien pour produire des biosurfactants biodégradables, qui sont des agents actifs utilisés dans un large éventail de produits de nos jours. Les biosurfactants non toxiques et sans huile de palme de Dispersa peuvent être facilement incorporés dans des formulations d’utilisation finale, comme des produits nettoyants, des détergents et des cosmétiques. Récemment, Dispersa a été sélectionnée comme une semi-finaliste de SheEO Venture au Canada.

J’ai toujours rêvé de faire une différence marquante et durable grâce à l’innovation. Le Défi m’a aidée à faire de ma vision une réalité en me donnant accès à un incroyable soutien dirigé et à de précieuses ressources nécessaires pour donner vie à l’idée que j’avais eue quand j’étais étudiante de premier cycle et qui est aujourd’hui Dispersa, une entreprise du secteur des technologies propres en pleine expansion.

Nivatha Balendra, fondatrice et présidente-directrice générale de Dispersa

Alexandra Tavasoli

Solistra

Solistra a élaboré une technologie qui convertit le CO2 et le méthane en produits de carbone propres. Cette approche pourrait constituer un moyen puissant et écoénergétique de transformer en produits chimiques et combustibles propres, le CO2 capté des centrales de production d’énergie ou de l’atmosphère. En 2019, Alexandra a été nommée parmi les 30 meilleurs leaders de moins de 30 ans de la revue Corporate Knights. Plus récemment, Alexandra a pris un role d’attachée de recherche au niveau postdoctoral au Massachusetts Institute of Technology.

En tant qu’ingénieure titulaire d’un doctorat, il m’a été très utile d’en apprendre davantage sur le vaste écosystème des technologies propres, les pratiques et les stratégies commerciales, ainsi que sur l’économie de la commercialisation des technologies. Cela m’a permis d’élargir ma carrière en STIM, étant donné que les STIM seules ne peuvent pas résoudre les problèmes de l’ensemble de la planète; il faut adopter une approche plus holistique.

Alexandra Tavasoli, ancienne présidente-directrice générale de Solistra

Luna Yu

Genecis Bioindustries

Genecis a développé une solution qui convertit les déchets organiques en un bioplastique composé de polyhydroxyalcanoates (PHA). Les bioplastiques PHA sont entièrement biodégradables en milieu marin comme en milieu terrestre; de plus, on peut les utiliser dans le cadre d’applications plastiques traditionnelles comme du film d’emballage, des sacs, des contenants, des ustensiles et d’autres objets. Genecis est l’une des plus jeunes équipes à avoir reçu une subvention de plusieurs millions de dollars de la part de Technologies du développement durable Canada. Plus récemment, Genecis a annoncé d’avoir obtenu un financement de 7 M $ US dans le cadre d’un financement de la série A dirigé par Khosla Ventures et la Division des technologies propres de BDC Capital.

Le Défi des femmes en tech propres a non seulement dirigé notre entreprise hors d’une « vallée de la mort » en innovation et joué un rôle déterminant dans notre réussite, mais il a également et surtout démontré qu’il n’y a plus de limites à ce que les femmes qui poursuivent une carrière en technologies propres peuvent atteindre.

Luna Yu, présidente-directrice générale de Genecis

Le Défi des femmes en tech propres continue d’attirer des investissements de mise à l'échelle même après sa clôture!

En novembre 2021, Amanda Hall de Summit Nanotech a reçu le grand prix de 1 million de dollars. Dans le cadre du Défi, six femmes entrepreneures avaient comme mandat de mettre à l’échelle pour la première fois leurs entreprises en démarrage, au cours d’une période de plus de trois ans.

  • Mars 2022 : un financement de la série A de 17, 8 M $ CA, codirigé par Xora Innovation, le Technology Impact Fund de Capricorn en collaboration avec BHP Ventures.
  • Juillet 2022 : un financement de démarrage de 1, 8 M $ CA approuvé par Technologies du développement durable Canada.
  • Janvier 2023 : un financement de la série A2 de près de 50 M $ US, dirigé par Evok Innovations et le Fonds Technologies pour le climat de BDC Capital, auquel se sont joints Capricorn Investment Group, Xora Innovation, NGP, Volta Energy Technologies, Helios Climate Ventures et la Grantham Foundation for the Protection of the Environment.

5. Conclusion

La conception et la réalisation d’un Défi est un processus qui exige une réflexion, un apprentissage et une adaptation constants. Chaque Défi est unique et il est impossible de prévoir et de planifier tous les résultats possibles; il n’existe donc pas qu’un seul scénario à suivre. Les équipes de réalisation auprès de RNCan et de MaRS ont fait un suivi constant des progrès, en réfléchissant aux façons possibles d’améliorer les versions futures du Défi et en explorant les possibilités d’appliquer les leçons apprises dans différents contextes. Un Défi est une occasion d’essayer de nouvelles choses et d’envisager des solutions novatrices pour mieux viser les résultats souhaités.

Afin de résoudre les problèmes complexes auxquels nous sommes confrontés en tant que pays, nous devons compter sur la diversité, l’ingéniosité et la créativité de l’ensemble de la population canadienne, et non seulement de ceux qui ont traditionnellement contribué aux solutions. On doit donc d’une part favoriser la participation active de solutionneurs non traditionnels, y compris ceux qui ont été exclus auparavant, ainsi que ceux qui ne savaient pas qu’ils étaient invités à contribuer aux solutions. D’autre part, il faut sensibiliser davantage la société en général envers les défis à relever, favoriser activement la participation des citoyens au moyen d’une collaboration et d’une cocréation plus efficaces, et créer des partenariats avec la société civile afin de renforcer les résultats. Enfin, cela signifie que l’innovation permet non seulement de stimuler la croissance économique, mais également de contribuer à résoudre d’importants enjeux de la société comme les changements climatiques et l’inclusion sociale, en même temps. En prenant des décisions éclairées en ce qui a trait à la conception du programme, il est possible de prendre en compte équitablement l’ensemble des résultats sociaux, environnementaux et économiques sans que les uns excluent les autres.

Grâce aux échanges continus qu’elle établit avec les candidates entrepreneures en technologies propres, le Défi des femmes en tech propres a le potentiel d’engendrer des avantages à long terme pour la population canadienne. RNCan espère que ce Défi continuera à inspirer la prochaine génération de femmes innovatrices au cours des années à venir, et que les retombées du Défi contribueront à combler l’écart de genre tel qu’on le connaît.

5.1 Autres études de cas pertinents sur le Défi des femmes en tech propres :

Date de modification : 2023-02-10