Durée estimée : six à neuf mois
Le but de cette phase est de comprendre, de cerner et de définir le problème que le défi cherchera à résoudre.
Choisir une priorité stratégique
Les défis d’Impact Canada reposent généralement sur des objectifs stratégiques qui appuient les priorités ou gouvernementales ministérielles existantes. Ces priorités peuvent être énoncées dans le budget fédéral, le discours du Trône, les lettres de mandat des ministres ou d’autres instruments d’établissement de politiques. Le blogue d’Impact Canada intitulé « Avant et et après les solutions : Comment les défis et prix contribuent à l’atteinte d’objectifs stratégiques généraux » fournit des détails supplémentaires sur la manière dont les défis peuvent répondre à des objectifs stratégiques hautement prioritaires.
L’étape suivante consiste à cerner les problèmes (besoin, lacune, obstacle, goulot d’étranglement, etc.) qui empêchent de prendre de front la priorité stratégique. Un processus de recherche axé sur la découverte, comprenant la mobilisation des parties prenantes et des experts, peut mettre en lumière des problèmes pouvant être résolus par un défi.
Si le défi n’est pas la solution optimale
Il est important de noter dès le début de la phase Comprendre que les efforts de recherche et de mobilisation pourraient révéler qu’un défi n’est pas le meilleur moyen de résoudre le problème cerné et que d’autres méthodes de financement (p. ex., la sollicitation traditionnelle de subventions et de contributions) conviendraient davantage. Dans ce cas, les informations recueillies au cours de la phase Comprendre doivent alimenter la conception d’une autre approche.
Voici des exemples courants où le défi n’est pas la méthodologie privilégiée :
- Si la solution au problème est manifeste ou existe déjà sur le marché, ou si le fournisseur de la solution à privilégier est évident;
- Si l’objectif principal est de fournir un financement de base ou de renforcer la capacité de l’organisme à atteindre les objectifs du programme à plus long terme;
- Si l’objectif ultime est de trouver une solution à l’usage du gouvernement du Canada;
- Si le sujet est particulièrement sensible pour les parties prenantes et qu’un élément de concurrence risque de compliquer la résolution du problème;
- Si des obstacles réglementaires ou législatifs empêchent l’adoption de solutions.
Recherche axée sur la découverte
Il est important de consigner méthodiquement et de suivre un processus de recherche structuré et appliqué durant la phase Comprendre. Cette recherche vous aidera à passer d’un objectif stratégique général (p. ex., accélérer le développement de technologies propres) à des problèmes précis (p. ex., utilisation du diesel comme source d’énergie, coût élevé du biocarburéacteur) pouvant être résolus par un défi. La recherche doit mettre l’accent sur l’identification des domaines où une plus grande innovation pourrait combler une lacune du marché ou une lacune stratégique connue en mettant au jour de nouvelles solutions, ou en réalisant des progrès ou améliorations dans un domaine déterminé.
Le travail initial fait en amont peut faire gagner un temps considérable dans les phases ultérieures et sert de documentation de base et de réflexion favorisant la mise en oeuvre et la gestion de programmes plus efficaces. Il peut s’agir par exemple de l’analyse des lacunes, des obstacles et des possibilités, de l’analyse des parties prenantes et de la détermination des bénéficiaires potentiels. Les questions ci-dessous peuvent guider votre recherche.
Rôle du gouvernement
- Quels sont les rôles et les responsabilités du gouvernement (fédéral, provincial, territorial, municipal, autochtone) dans la résolution de ce problème?
- HLe gouvernement fédéral a-t-il toujours eu un rôle à jouer et est-il en mesure de mettre en place des solutions potentielles ou d’influer sur leur adoption?
- Les gouvernements internationaux jouent-ils un rôle? La collaboration est-elle possible, ou ces gouvernements peuvent-ils exercer leur influence pour favoriser l’adoption de solutions potentielles?
Autres parties prenantes
- Quelles autres parties prenantes (p. ex., organismes sans but lucratif, secteur privé, secteur universitaire) participent à la résolution de ce problème?
- Quels sont les utilisateurs ou les bénéficiaires finaux proposés des solutions potentielles?
Méthodes actuelles et données probantes
Quelles méthodes ont déjà été adoptées pour résoudre ce problème (p. ex., investissements, programmes, politiques, dispositions fiscales, lois, règlements)? Ontelles porté fruit? Pourquoi ?
- What are the barriers to progress and innovation in the issue area (e.g. legislation, regulation, market, cultural, technical or financial barriers)?
- Quelles sont les données probantes actuelles sur « ce qui fonctionne » dans ce domaine? Dispose-t-on des mesures de base?Grants and Contributions, procurement)?
Nouvelles méthodes et place à l’innovation
- Quelles sont les tendances émergentes ou les nouvelles perspectives issues de la recherche dans ce domaine?
- Quels sont les obstacles au progrès et à l’innovation dans le domaine visé (p. ex., lois, règlements, marché, obstacles culturels, techniques ou financiers)?
- Est-il possible de surmonter ces obstacles ou de promouvoir l’innovation à l’aide de leviers financiers (p. ex., subventions et contributions, approvisionnement)?
- Un défi permettrait-il d’éliminer l’un ou l’autre de ces obstacles?
- Quels progrès ont été réalisés jusqu’à maintenant (p. ex., stade de la recherche et du développement, maturité technologique des solutions actuelles)?
- Quelle est la situation économique de l’innovation éventuelle (taille du marché/rayonnement, niveau de concurrence, niveau de maturité, obstacles à l’entrée, marché cible)?
Détermination et mobilisation des parties prenantes
Il est essentiel de mobiliser les parties prenantes pour cerner et comprendre l’enjeu, et choisir et définir un problème qui constituera la base du défi. En plus de garantir la pertinence et l’importance de l’enjeu, les parties prenantes peuvent confirmer qu’il est possible et convenable de chercher des solutions au problème au moyen d’un défi.
Il est judicieux de dresser une carte des parties prenantes pour se faire une idée complète des principaux acteurs concernés. Cette carte permettra aussi d’organiser la mobilisation des parties prenantes tout au long du processus du défi.
Il n’y a pas de nombre exact de parties prenantes à consulter. Mais, de manière générale, il est conseillé de communiquer avec le plus grand nombre possible d’intervenants. Prévoyez de parler avec au moins les quatre groupes clés suivants : les experts techniques, les innovateurs (en particulier ceux qui, selon vous, participeraient au défi), les fournisseurs de programmes et de services actuels et les bénéficiaires (personnes/groupes) des solutions au problème.
Autres parties prenantes à envisager :- Autres représentants gouvernementaux (provinciaux/ territoriaux, municipaux, autochtones, internationaux)
- Représentants d’entreprises/industries
- Établissements d’enseignement
- Organisations non gouvernementales
- Leaders d’opinion et leaders communautaires
- Entretiens avec des informateurs clés
- Ateliers et réunions en personne (remarque : lorsque c’est possible, les congrès/ateliers permettent d’accéder d’un coup à un très grand nombre de parties prenantes)
- Processus de mobilisation en ligne, notamment par l’intermédiaire de la plateforme d’Impact Canada
Du choix d’une priorité à la détermination et à la définition du problème
On n’insistera jamais assez sur l’importance de cerner et de définir le problème puisqu’il s’agit de l’une des étapes les plus critiques de la conception d’un défi réussi. Le blogue d’Impact Canada intitulé « Commencez la conception de votre défi/prix en définissant le problème » donne des détails supplémentaires pour cerner et définir le problème que le défi tentera de résoudre.
Lorsque les problèmes liés à votre priorité stratégique ont été cernés par la recherche et la mobilisation, il faut les analyser un à un pour déterminer si un défi pourrait convenir. Un essai sous contrainte visant chaque problème peut vous aider à cette étape. Impact Canada a adapté un ensemble de critères élaborés par Nesta, qui comprend les questions suivantes :
- Les solutions au problème sont-elles indéterminées? Ou est-ce que les solutions actuelles ne donnent pas les résultats escomptés?
- Pouvez-vous définir un objectif clair (en réponse à votre problème) et envisager un moyen de mesurer et de juger s’il a été atteint?
- Selon vous, pourriez-vous trouver des solutions optimales en exposant le problème à un plus grand nombre d’innovateurs?
- Êtes-vous d’avis qu’un défi pourrait inciter les innovateurs à participer?
- Pensez-vous qu’un défi permettrait d’accélérer les progrès?
- Pensez-vous que les solutions potentielles seraient adoptées ou généralisées une fois le défi relevé (p. ex. intégrées aux programmes gouvernementaux ou commercialisées)?
Une fois que vous avez cerné un problème résoluble par un défi, il est utile d’avoir une compréhension claire et commune du problème le plus tôt possible dans le processus pour augmenter la probabilité que le défi produise les résultats escomptés.
Considérations organisationnelles
Lorsque la décision de créer un défi est prise, les partenaires fédéraux doivent se demander si leur contexte opérationnel offre les bonnes conditions pour mener le défi à bonne fin.
Un défi n’est pas un exercice à prendre à la légère; la réussite d’un défi nécessite la participation de toutes les parties concernées. Au nombre des considérations importantes : les paramètres de la politique/du programme (p. ex., les pouvoirs), les exigences budgétaires, la participation des hauts dirigeants et des services ministériels, la capacité organisationnelle, les besoins en données et en mesures, ainsi que l’échéancier.
Exemple de détermination de problèmen
Défi des technologies de vérification des drogues
Santé Canada est responsable des interventions en réponse à l’actuelle crise des opioïdes au Canada. Le fentanyl, qui a empoisonné l’approvisionnement en opioïdes au Canada, est responsable de la majorité des décès par surdose au Canada. La vérification des drogues est une stratégie de réduction des méfaits qui permet aux consommateurs de connaître la composition d’une drogue afin de prendre les mesures nécessaires pour réduire les risques liés à sa consommation.
La majorité des nouveautés technologiques dans ce domaine sont destinées à la lutte contre la consommation de drogues et s’adressent aux premiers répondants et aux forces de l’ordre. Même si des données laissent croire que la vérification des drogues pourrait être un moyen plus efficace de réduire les risques et de sauver des vies, la technologie actuelle n’est pas abordable, portative ou facile à utiliser, ce qui signifie qu’elle n’est pas à même de répondre aux besoins des consommateurs de drogues. À la suite de recherches et de consultations, Santé Canada a déterminé que la vérification des drogues était un problème à résoudre au moyen d’un défi.